dimanche 15 novembre 2009

Chypre : vers la Réunification ?

Une position géographique privilégiée : située dans la Méditerranée orientale au point de rencontre de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, l'île de Chypre (9 251 km2) occupe une position stratégique à 60 km des côtes turques et 200 km des rivages syriens et libanais.
La population: environ 850 000 habitants, dont 650 000 dans la zone chypriote grecque au sud selon un recensement de 2001. La zone chypriote turque au nord (sur 38 % du territoire) compte pour sa part environ 200 000 habitants dont près de la moitié sont des colons turcs venus d'Anatolie après 1974.

Capitale: Nicosie, 250 000 habitants, coupée en deux par la ligne de démarcation.
Langues officielles: grec et turc. L'anglais est couramment parlé.
Religions: principalement chrétienne orthodoxe (80 %) et musulmane (18 %).
Institutions politiques: la Constitution de 1960 n'est plus appliquée depuis les troubles inter-communautaires de fin 1963:- Au sud, le Président de la République de Chypre est actuellement Tassos Papadopoulos. Il a succédé à Glafcos Cléridès le 16 février 2003. - Au nord, la République turque de Chypre-Nord (RTCN) autoproclamée en 1983 est présidée depuis cette date par le chef de la communauté Rauf Denktash. Il faut noter que cette République n'est reconnue que par la Turquie.

Économie: en République de Chypre, le PNB est de 9,4 milliards de dollars (données 2001). Le tourisme est la première source de revenus. En RTCN, le PNB est de 787 millions de dollars (données 2002).

Effectifs militaires:
-en République de Chypre, l'armée compte 12 000 soldats chypriotes grecs; plusieurs milliers de soldats grecs sont présents, notamment dans l'encadrement;
-en RTCN, l'armée compte 4 500 soldats chypriotes turcs auxquels s'ajoutent plus de 35 000 hommes stationnés par la Turquie;
-une force de paix des Nations unies (FNUCHYP/UNFICYP en anglais) créée en 1964, réduite à 1 200 hommes depuis 1995, contrôle une zone tampon (dite buffer zone - BZ) qui représente près de 3 % du territoire répartis des deux côtés de la ligne de démarcation (180 km de long);
-il convient enfin de noter que la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires avec souveraineté territoriale dans le sud de l'île (Akrotiri et Dhekelia) où sont stationnés près de 3 900 hommes.

I- Histoire et origines des conflits
La population de l'île de Chypre fut établie par diverses colonies ( Mycéniennes, Phéniciennes), datant de l'Antiquité. Elle fit par ailleurs partie de l'Empire romain et Byzantin.
Richard Cœur de Lion conquit l'île en 1191 et en fit don à Guy de Lusignan, qui y fonda le royaume latin de Chypre (1192-1489). Elle passa ensuite sous le contrôle de Venise (1489-1571), avant d’être conquise par les Turcs. Enfin, en 1878, le sultan cède au Royaume-Uni l'administration de Chypre. À l’issue de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni annexe intégralement Chypre et la transforme en une colonie de la Couronne. En 1931 a lieu un premier soulèvement populaire des Chypriotes grecs pour réclamer l’union avec la Grèce.
En 1955, les Chypriotes grecs reprennent les armes contre le pouvoir britannique et mènent une lutte pour l'indépendance de l'île. Les Britanniques, afin de préserver leur position et de réprimer le mouvement anticolonialiste, ( mené majoritairement par les Chypriote grecs ), recrutent des milices chypriotes turques en renfort des troupes coloniales. Les accords de Zurich et de Londres de 1959 mettent fin à la lutte anticolonialiste. Chypre devient une république indépendante en 1960, ainsi que membre de l’ONU et du Commonwealth.
En 1961, Chypre devient membre du Conseil de l'Europe. En 1963, le président Makarios propose des amendements à la Constitution de 1960. Cette proposition, connue sous le nom des «treize amendements de Makarios», visait à répondre à la situation de blocage institutionnel persistant depuis plusieurs mois.
Les questions fiscales et de partage de l'administration des villes furent, en 1963, à l'origine de la paralysie complète des institutions sur ces sujets. Aussi, les propositions de Makarios avaient-elles pour but de dénoncer le droit de veto chypriote turc. Ce coup de force du président chypriote contribua à intensifier les tensions entre les deux communautés, conduisant à de violents affrontements en décembre 1963. Cet épisode sanglant très controversé, marque certainement la fin des espoirs de cohabitation pacifique entre les deux communautés, qui n'auront de cesse de se séparer et de s‘affronter.
Profitant de cette situation de tension, la Turquie reprend et actualise une ancienne revendication: la partition de l’île, et la communauté turque, historiquement très liée à Ankara, met en œuvre, partout où elle le peut dans l'île, ce programme de séparation. Début 1964, la paix est au bord de la guerre civile. Parallèlement, des milices extrémistes, avivent les tensions, en commettant des exactions violentes. Ces incidents sanglants seront l'occasion pour les Chypriotes turcs de mettre en œuvre leur plan de partition et de se retirer unilatéralement de toutes les instances gouvernementales de l'île pour affaiblir le gouvernement et ainsi paralyser l'État chypriote. Les Chypriotes turcs, persistent dans la logique de la séparation, provoquant de ce fait les conditions de leur mise à l'écart. Le TMT, milice chypriote turque, provoque de manière concertée des incidents, auxquels les Chypriotes grecs répondent de manière toujours plus disproportionnée. Les dirigeants chypriotes turcs poursuivent, durant tout l'hiver 1964, cette politique du « pire». Cette politique se concrétisera, dans les premiers jours de juin, par l'appel de la communauté chypriote turque à la Turquie, pour qu'elle intervienne militairement afin d'assurer sa protection : les troupes turques sont stationnées à Iskenderun et prêtes à intervenir.
Cette invasion militaire sera empêchée in extremis par le président américain Johnson qui intervient personnellement les 5 et 6 juin 1964, afin de calmer les velléités turques, et l'opération projetée par Ankara se soldera par une campagne de bombardement des villages chypriotes grecs, mais sans intervention terrestre. Les États-Unis tenteront une médiation secrète entre la Grèce et la Turquie sur la question chypriote afin d'éviter une guerre entre ces deux pays. Ces tentatives se soldent par un échec faisant de Chypre le terrain d'affrontements incessants entre les milices chypriotes grecque et turque, ce qui conduira l'ONU à envoyer un important contingent de casques bleus sur l’île en mars 1964.
Le 15 juillet 1974 la garde nationale dirigée par des officiers grecs lance une tentative de coup d’État contre le président Makarios. Le 20 juillet, la Turquie intervient militairement prétextant la protection des intérêts de la communauté turque en lançant l'opération Attila, et occupe le Nord de l’île en deux jours. En Grèce, le refus de l’armée de s’impliquer plus avant dans ce conflit marque la fin de la dictature des colonels mise en place à l’époque. Une fois la république chypriote restaurée, la Turquie refuse de se retirer et impose la partition du pays de part et d’autre de la « ligne verte » (appelée « ligne Attila » par les Turcs). 200 000 Chypriotes sont contraints à l’exode entre 1974 et 1975, chassés du territoire occupé par la Turquie.
L’île est donc divisée depuis 1974 entre la République de Chypre au Sud et la partie Nord occupée par la Turquie. En 1975, se met un place un État : « la République des turquisants » de Chypre du Nord, qui n’est reconnu que par la Turquie.
II- Vers une solution européenne ?
Tout d'abord, c'est le premier mai 2004 que Chypre rejoint l'Union, Dans les années 1990, la partition de l'île est redevenue un sujet sensible lorsque la République de Chypre a sollicité son intégration dans l'Europe communautaire. De plus, la président Américain Georges Bush veut résoudre la question chypriote, et en 1992, les négociations reprennent sous l'égide de l'ONU, qui propose que l'île devienne un État bizonal et bicommunautaire. Mais ces tentatives se heurtent aux différents concernant la répartition des pouvoir et du territoire, les négociations stagnent donc. Il est à noter que la France a elle aussi eu un rôle dans ces négociation mais en vain.
En tout cas, c'est un sujet en suspend, l'adhésion à l'Europe permettra sûrement de surmonter la crise ouverte en 1974, lors de l'invasion turque du Nord de l'île, mais la réaction de la majorité grecque au référendum organisé à propos de la réunification et les réticences manifestées en Europe face au processus d'adhésion turque à l'Union Européenne laisse planer encore de lourdes incertitudes.
En conclusion, nous pouvons dire que malgré toutes les tentatives pour trouver un compromis concernant la réunification de l'île de Chypre, la Grèce ainsi que la Turquie ne parviennent pas à s'entendre, et restent fermées aux négociations. Les deux communautés chypriotes restent donc divisées, et les tensions au sein de la population ne sont toujours pas calmées. Il appartient donc à l'Union Européenne d'avancer d'autres propositions pour améliorer le contact entre ces deux pays.
Par ailleurs, ces enjeux chypriotes restent incontestablement liés à la question de l'adhésion de la Turquie au sein de l'UE.
Bibliographie :
www.ladocumentationfrancaise.fr:
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/chypre/introduction.shtml
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/chypre/chypre.shtml
www.universalis-edu.com:
www.universalis-edu.com/article2.php?napp=3576&nref=PS97040
www.universalis-edu.com/article2.php=&nref=D942671
Wikipedia.org:
wikipedia.org/wiki/Chypre#Histoire :
Kassianides Yoann, La politique étrangère américaine à Chypre (1960-1967).
Copeaux Etienne, Mauss-Copeaux Claire, Taksim! Chypre divisée.
Le Monde.fr
Info-greece.com
Harold et Floriane

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire